Pouvez-vous nous rappeler ce qu'est le crowdfunding ?
Le crowdfunding - ou financement participatif - permet au grand public de financer directement des projets de leur choix en échange de contreparties en nature (don contre don), de parts de capital ou contre un remboursement avec ou sans intérêt.
Pourquoi avoir créé Tudigo?
Le crowdfunding était initialement réservé principalement aux projets artistiques et créatifs. Or, ce mode de financement répond totalement aux défis que rencontrent les TPE et PME ou les associations locales, à savoir le besoin de concrétiser des projets pour se renouveler, de les financer et de communiquer efficacement.
Tudigo se propose de soutenir les TPE et PME françaises dans leur recherche de financement de divers secteurs : commerces et commerces de proximité, artisanat, métiers de bouche, produits made in France ou encore des projets liés à la transition énergétique... Ces acteurs sont plus de 2 millions dans l'hexagone et ils sont les garants du lien social et de l'attractivité de nos territoires.
En créant cette plateforme, nous souhaitions également remettre du lien social au cœur des échanges marchands. Notre inspiration trouve ses racines dans un mode de financement traditionnel vieux de plusieurs siècles - "la Tontine" - que les parents de mon associé, Alexandre Laing, ont utilisé pour financer le développement de leur restaurant. Ils ont ainsi pu réaliser leur projet grâce aux habitants de leur quartier et à leur communauté
Quel est l'avantage pour un créateur d'entreprises de recourir au crowdfunding ?
C'est avant tout un mode de financement simple dans sa mise en œuvre. Le crowdfunding permet à un porteur de projet de constituer ou de renforcer ses fonds propres. C'est aussi une preuve de l'existence d'un marché, qui peut faire levier sur d'autres formes de financements plus traditionnelles. De plus, c'est un excellent outil marketing. Les porteurs de projets y trouvent une opportunité de faire connaître leurs initiatives, de se créer une communauté de clients ambassadeurs fidèles et surtout de renvoyer une image innovante.
Il y a beaucoup de plateformes, comment choisir celle qui correspondra à mon projet ?
Avant tout, il faut choisir une plateforme qui correspond à la nature du projet et à ses cibles. Un porteur de projet technologique n'a pas intérêt à se lancer sur une plateforme spécialisée dans le cinéma ! Ensuite, il faut s'assurer que le projet ne sera pas noyé au milieu des autres projets. Enfin, il est important de contacter la plateforme pour s'assurer de son sérieux et de l'offre d'accompagnement proposée mais également pour voir si le courant passe avec les équipes qui seront amenées à suivre le projet.
A noter : Bpifrance propose une plateforme permettant de faciliter la recherche d'une plateforme adaptée au projet : TousNosProjets.fr
Tous les types de projets et de secteurs d'activité sont-ils concernés ?
Oui, aujourd'hui le crowdfunding concerne quasiment tous les projets, dans tous les secteurs. Après, il est important de sélectionner la bonne plateforme et le bon mode de financement. Certaines activités très B2B auront, par exemple, plus de difficultés à trouver des contreparties attractives pour le plus grand nombre.
Par quoi commencer lorsque l'on souhaite lancer une campagne ?
Avant tout, le porteur de projet doit définir en détail l'opération pour laquelle il souhaite faire une campagne de financement participatif et le montant dont il a besoin.
Selon le besoin financier et le stade d’avancement de l’entreprise, il existe plusieurs formes de financement participatif :
- Le don contre don : ce type de financement permet aux particuliers de recevoir une contrepartie matérielle (bouteille de vin), expérientielle (visite du vignoble) ou symbolique (nom du participant sur la devanture du magasin). Ce type de crowdfunding peut permettre à certaines entreprises de faire de la prévente.
- L’investissement participatif ou encore l’equity crowdfunding : les particuliers prennent part à une aventure entrepreneuriale aux côtés de dirigeants en devenant actionnaire de l’entreprise. Les échanges sont encadrés par un contrat entre l’entreprise et l’investisseur.
- Le prêt obligataire : les particuliers prêtent de l’argent en échange d’un taux d’intérêt et d’une durée de remboursement définis en amont. Les échanges sont encadrés par un contrat entre l’entreprise et l’investisseur.
Idéalement, il s'agira d'un projet concret de financement de matériel, de machines, d'un bail, de la conception d'un produit...
Une fois le projet défini et la plateforme sélectionnée, il faut mettre en forme sa page de campagne. Il s'agit généralement de plusieurs paragraphes détaillant l'identité et l'histoire du porteur de projet, et, surtout, décrivant le projet lui-même. Il est essentiel d'illustrer le texte de quelques photos et idéalement d'une vidéo.
Dans le cas d'une campagne en don contre don, le porteur de projet doit également déterminer les contreparties qu'il va proposer à ses contributeurs. Une fois cette page formalisée, le projet est mis en ligne et il est alors indispensable de communiquer de manière active tout au long de la campagne pour mobiliser les futurs contributeurs.
Que doit-on faire et ne pas faire avant, pendant et après la campagne ?
Avant tout, il faut définir le cadre de sa campagne, à savoir, son objectif financier, sa date de lancement et sa durée. Dans la préparation de la page "projet", je recommande d'utiliser un ton direct et humain et d'éviter le discours commercial impersonnel. Il faut viser à partager son enthousiasme pour une aventure humaine.
S'agissant des contreparties, elles doivent être attractives pour de futurs contributeurs. Essayez d'en proposer entre 5 et 10 allant de 10 € à 500 € (ou plus) et en variant les thématiques pour que chacun y trouve son compte.
La page projet prête, il faut ensuite mettre en place sa campagne de communication. Cela consiste à :
- lister les différents réseaux mobilisables afin d'adapter le message à chacun d'entre eux,
- établir un planning de communication pour la durée totale de la campagne,
- puis, une fois la campagne lancée, communiquer régulièrement pour que celle-ci garde une dynamique.
Nous conseillons de commencer à communiquer, notamment à son réseau proche, avant même le début de la campagne. Lorsque celle-ci est terminée, si l'objectif est atteint, il faut naturellement penser à remercier l'ensemble des contributeurs et planifier la remise des contreparties. Si l'objectif n'est pas atteint, les contributeurs sont remboursés. La principale erreur des porteurs de projet est de penser qu'une fois leur page en ligne, ils pourront s'appuyer sur la communauté de la plateforme pour la réussite de leur campagne, sans effort particulier.
Réussir une campagne de financement participatif demande une implication du porteur de projet et il est indispensable qu'il soit fortement mobilisé.
Comment définir le montant total à collecter et les montants unitaires ?
Il faut avant tout définir le budget du projet en fonction des principaux postes de dépenses. Ensuite, analyser son réseau relationnel en amont de la campagne permet d'évaluer le nombre de personnes prêtes à le soutenir. Cela permet d'ajuster son objectif.
Le montant moyen d'un soutien en don contre don s'élève à 70 €. Il suffit donc de diviser son objectif par 70 pour avoir le nombre moyen de contributeurs à solliciter.
L'objectif des campagnes en "don contre don" se situe généralement entre 1 000 et 20 000 €. La plupart des projets soumis récoltent entre 4 000 et 5 000 €.
Un conseil, fixez un premier palier raisonnable et laissez-vous la possibilité de le dépasser si votre campagne l'atteint rapidement !
Concernant les campagnes en investissement participatif, les montants de collecte peuvent varier de 100 000 € à plus de 1 million €.
Quelles sont les limites du crowdfunding ?
Le crowdfunding n'est pas un outil magique. Les contributions ne tombent pas du ciel et le succès des campagnes est à la mesure de l'énergie fournie. De plus le crowdfunding n'a pas nécessairement vocation à remplacer les systèmes bancaires classiques et peut s'insérer dans un plan de financement plus global.